Marc Baudaux
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Qui a dit que méditer signifiait : "rester assis sans bouger durant 1h" ?
... C'est ce que beaucoup de gens pensent lorsque l'on parle de mindfulness !
Et pourtant ce n'est pas nécessairement de cela dont il s'agit, bien que, évidemment, ça peut aussi être cela. On parle d'état de pleine conscience ou mindfulness comme un état de vigilance, un état d'alerte, on pourrait aussi parler d'un certain état d'éveil. Cet état peut donc être recherché dans une station immobile comme dans le mouvement, comme par exemple, en marchant. La méditation marchée (walking meditation) a plusieurs avantages. Premièrement, elle est beaucoup plus facile à mettre en place pour des personnes qui ont des difficultés à rester assis sans bouger, que ce soit à cause de raideurs/douleurs ou bien parce que ce sont des personnes hyper-actives qui ont tendance à avoir la "bougeotte". Pour ce type de patient, il est très pénible de commencer un cours classique de méditation en pleine conscience de type MBSR où l'on reste assis, alors qu'une marche dans les bois serait mieux tolérée. Deuxièmement, la méditation marchée a pour avantage de diriger notre attention moins dans la tête (le mental, indiscipliné et vaporeux) et d'avantage dans le corps, et en particulier les pieds (l'ancrage, la terre, la stabilité). Une étude de Nishida et al. (2021) a mis cela en avant dans le cadre d'un essai randomisé contrôlé qui évaluait l'impact de la méditation marchée sur l'anxiété. Troisièmement, le fait de méditer en marchant permet de joindre plusieurs choses utiles et agréables : le fait de sortir pour prendre un bon bol d'air, s'oxygéner, bouger et ainsi faire travailler nos muscles et obtenir une dépense calorique, mais aussi le fait d'être en contact avec la nature si on se promène en forêt ou autour d'un lac, par exemple.
Ainsi, en cabinet de kinésithérapie à Louvain-la-Neuve, il est régulièrement proposé aux patients de pratiquer la marche en pleine conscience, pour des problématiques très variées, notamment musculo-squelettiques telles que les douleurs de hanche (ex : tendinopathie du moyen fessier), les douleurs de dos (ex : lombalgie) mais aussi en post-chirurgie (ex : protège totale de hanche) ou post-traumatisme (ex : entorse de cheville). En effet, souvent il s'agit d'avoir une attention subtile et bien dirigée afin de ressentir une boîterie, et donc, pouvoir la corriger. Une autre RCT de Lapanantasin et al. (2022) a pu mettre en évidence une amélioration significative de la propriception dans le cadre de chevilles instables, et ce avec la marche en pleine conscience comme avec des exercices utilisant des élastiques. On peut donc imaginer que combiner les deux approches, exercices et méditation, ne pourrait être que favorable à de bons résultats.
Outre la marche, il existe de nombreuses formes de mouvement que l'on peut exercer en pleine conscience. Des méthodes comme le yoga ou le Pilates sont aussi, quelque part, des formes de méditation en mouvement. On est attentif à la qualité d'exécution, à la posture, à la respiration, on essaie d'être dans notre corps, ici et maintenant. En plus de l'intérêt dans la kinésithérapie musculo-squelettique, il existe également un intérêt étudié dans la revalidation respiratoire. Une revue systématique de Wu et al. (2018) a répertorié les différents effets des approches de mouvement en pleine conscience sur les patients atteints de BPCO (bronchopneumopathie chronique obstructive). Leur conclusion est que ce genre d'intervention pourrait améliorer les capacités respiratoires, la fatigue et la qualité de vie dans ce genre de pathologie. Enfin, des essais cliniques contrôlés comme celui de Polaski et al. (2021) suggèrent que la méditation ajoutée aux exercices permet des améliorations significatives en terme d'incapacité et de douleur chez des patients atteints de lombalgies chroniques.